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Afin de rendre familiers certains néologismes que j'emploie dans "TELARIS", pièce manifeste de

WORLD PARALLEL THEATRE, je me suis attelé à l'écriture d'une série de petits textes dont

le nom générique est "GRAVITATIONS PARALLELES".

"PARIS-TOKYO-PARIS" est le premier de ces petits écrits.

Paris, Montmartre, le premier octobre 2000.

" PARIS-TOKYO-PARIS"

 

Je n'ai pas besoin de dire ton nom, tu sais bien que c'est à toi que je parle. Même en cet instant où quelqu'un d'autre que toi fait glisser sa main sur mon front pour fermer les fenêtres de mes yeux, c'est toi qui les fermes, mes yeux... Ah Tokyo !... Non, Tokyo c'est sur la troisième ligne nous n'y sommes pas encore, restons sur la ligne du milieu, reprenons là où je suis en train de te dire que c'est toi qui les fermes mes yeux...

Oui toi, puisque j'ai reconnu ta voix, que j'ai senti l'air chaud de ta bouche quand tu m'as dit en chuchotant de les fermer et que tu as pris ma main en me demandant de de bien vouloir te faire confiance et de te suivre...

C' est parce que c'est toi qui m'as demandé de te faire confiance mais surtout parce que je le veux, que je marche à côté de toi, maintenant, les yeux fermés, accroché à ta main comme un enfant, tellement pris dans notre jeu que je suis incapable de situer exactement l'endroit où nous nous trouvons en cet instant; Paris est tellement grand et puis, ça fait si longtemps que tu me fais tournoyer dans la ville....

Mais quand je te dis que je suis incapable de situer exactement l'endroit de la ville où nous nous trouvons, c'est parce que je m'entête à rester sur la ligne du milieu, car comme tu me l'as appris, cette ligne est la moins statique de cet ensemble de trois, qui selon toi, représentent le temps dans ces trois dimensions. Tu appelles cette ligne le présent...

Permets-moi donc de rester sur cette ligne où ma mémoire ne peut que s' effacer si veux goûter pleinement à la réalité de ta présence quand tu est à côté de moi, comme maintenant que tu me dis d'ouvrir les yeux, ce que je fais, et voilà mon âme happée par le scintillement de ton regard qui se reflète sur les eaux ondulantes du canal; et peu importe le nom de ce canal puisque tels des funambules, nous voici, nous, toujours sur cette ligne qui ne s'arrête pas de se détendre, de telle sorte que les événements du canal font déjà partie de la première, du passé.

Oui, elle n'arrête pas de se détendre cette corde raide qui est la ligne du milieu. J'ai une fâcheuse tendance à oublier que tu m'as souvent dit que tes trois lignes sont inexistantes.

Restons donc sur le creux de cette ligne, à cet endroit et à cet instant précis où j'accède à la transparence de ton regard émerveillé quand tu découvres ces dix poissons que j'ai amené au gîte, bien que, à cet instant précis où je suis à côté de toi, dans ce gîte, toutes les conditions sont réunies pour que je m'éloigne d'ici afin d'être encore plus près de toi, car je sais que tu possèdes le pouvoir de m'atteindre là où les trois lignes se rejoignent;

ici, dans ce gîte, nous sommes trop à être sur la même ligne, trop de consensus sur les mêmes blagues, pas assez de doigts accusateurs pointés vers soi-même.

Je préfère t'attendre là où les trois lignes se rejoignent, dans la "Grande Flaque" comme tu appelles cet endroit imprécis où la jonction des trois lignes s'opère... d'accord?... alors allons-y, je ne me ferai pas prier pour te suivre, d'ailleurs, comment ferais-je pour ne pas te suivre alors que me voici nageant désespérément pour atteindre l'autre rive et que tu m'attends, déjà, les bras ouverts en aval de la rivière...

Tu vois comme je n'ai pas besoin de dire ton nom?... Le courant m'emporte... la rivière m'avale... je me noie, en toi. Tu peux chanter maitenant ta chanson, termine ta besogne.

CHANSON:

 

DANS LE SOURIRE DE L'ENFANT,

LA GRIMACE DE LA MORT,

DANS LA GRIMACE DE LA MORT,

LE SOURIRE D'UNE ET MILLE NAISSANCES.

J'aime ta chanson. J'aime cette musique qui me parvient à travers les vibrations de ton corps, maintenant, même le tumulte de la fête ne réussit pas à brouiller l'harmonie de cette musique; nul besoin de décrire non plus cette fête, puisqu'elle nous est dédiée, et qui nous y voilà, face à face, immobiles, comme pour mieux sceller le pacte de notre rencontre... Tu sais bien que c'est à toi à qui je parle.

Pardonne-moi si je parle si bas c'est que je ne veux pas que les autres entendent ce que toi, et seulement toi, tu dois entendre...Ecoute... écoute ce que je vais te dire...

Voilà,

maintenant je sais que tu sais

que je te l'ai dit.

Oui, je l'aime ta chanson. J'aime cette façon qui est la tienne de m'envoyer des signes, chaque note de sa mélodie, chaque mot des quatre vers qui la composent, ta chanson, sont autant de flèches dirigés vers la même cible: pas vers toi, vers moi, vers eux, vers les autres, vers nous tous, mais pas vers toi, vers tout ce qui est, vers tout ce qui passe, à travers toi.

Car

seulement toi,

tu restes...

Oui, je l'aime ta chanson. J'aime tes trois lignes. Je crois que maintenant je peux essayer , moi aussi, d'atteindre l'endroit où elles se rejoignent; mais cette fois-ci c'est moi qui vais, non pas les fermer, mais les ouvrir, les yeux. Il est temps que je passe l'examen, laisse-moi te conduire. Il se peut que je me trompe, que je m'embrouille en essayant de passer d'une ligne à l'autre car nous y voilà déjà devant le seuil de la porte de la chambre dans laquelle tu demeures et dans laquelle "La Grande Flaque" nous accueille dans l'effacement le plus complet de ce que nous sommes, de ce que je suis... Les trois lignes viennent de se rejoindre...

CHANSON:

YOU LOVE ME

YOU LOVE ME

YOU LOVE ME

AND THAT... IS ALL.

... Je te remercie de m'avoir fait confiance, de m'avoir aidé à franchir le seuil qui sépare les trois lignes de "La Grande Flaque" avec tant de tact. Maintenant je crois comprendre ce que tu veux dire quand tu dis que tu te promènes mort-vivant mais plus vivant que jamais dans ce monde du multiple que tu nommes parallèle. Je vais pouvoir aller d'une ligne à l'autre comme je le veux, maintenant; merci de m'avoir aider à "mourir" avec tan de douceur... et de plaisir. A bons entendeurs, salut.

La ligne du milieu m'appelle, la première réclame aussi son existence mais que puis-je faire maintenant alors que "La Grande Flaque" m'apprend que la troisième a déjà jeté son anathème?... Mort vivant, oui. Mais plus vivant que jamais car me voici à nouveau, comme toujours, sur la ligne du milieu, avec toi, ici, Maintenant, où mon attention ne doit pas faillir si je ne veux pas être la marionnette des éléments qui façonnent ma destinée...

Suite de la première partie

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